Pour fêter les 20 ans de South Painters, nous sommes fiers d'annoncer notre collaboaration avec la marque française Olow et l'artiste toulousain 100Taur. Plus de news d'ici quelques jours.

En 2014, Nous avions posé quelques questions à 100 taur sur sa pratique, sa relation au shop . 

Tu viens au magasin depuis longtemps, et pourtant je n'ai jamais eu l'occasion de te demander s'il y avait une anecdote derrière ton nom d'artiste 100Taur.

 A vrai dire, la seule anecdote à propos de ce nom, au delà du coté pseudonyme d’artiste ou celui de blaze de graffeur (bien que je n’ai jamais été un vandale), c’est que je l’ai choisi en raison de mon amour passionnel pour la mythologie en générale, la mythologie grecque en particulier ainsi que les monstres auxquels elle donne vie. 

Pour résumer, les centaures étaient caractérisés par leur sauvagerie et leur coté incontrôlable. Cependant, le plus connu d’entre eux, Chiron, était réputé pour sa sagesse et ses nombreuses connaissances, contrairement aux autres représentants de son espèce. C’est lui qui fit l’éducation de nombreux héros qui devinrent ses disciples, notamment Achille et Asclepios. 

J’aime bien cette dualité , l’idée de pouvoir se démarquer de ce que l’on est et d’essayer de se différencier comme ce personnage mythologique en particulier (bien qu’il fut tué par Hercule sur un malentendu, ce qui est un peu stupide comme fin … ) . 

Il y a aussi le fait qu’à Montauban, la ville où j’ai grandi, il y a une superbe statue du «Centaure agonisant» du sculpteur Bourdelle  que je connais depuis tout petit et qui m’impressionne toujours autant …

Je sais aussi que tu es taxidermiste. C'est une activité peu commune, surtout pour une personne de ton âge. Comment y es-tu venu ? Quand on regarde ton travail, on voit tout de suite un lien. Pourrais-tu nous en dire plus ?

 J’ai suivi une courte formation de taxidermie lorsque j’étais plus jeune. L’essentiel de ce que je sais , je l’ai appris dans de vieux livres et par des chasseurs (je ne chasse pas moi-même). 

J’y suis venu à la fois par la fascination et l’étrange sentiment de malaise que j’y ai trouvé enfant dans cette façon de figer la vie, cette tentative de la retenir. Mais aussi par un désir peut être un peu morbide ou scientifique d’étudier le vivant, de disséquer et de détourner les choses, tant par rapport à la façon que l’on a de les voir (un lapin est nettement moins sympathique sans sa peau …. ) que par le potentiel artistique que je pouvais en tirer.

J’ai expérimenté petit à petit, à tâtons, au fil des ans, mais c’est l’utilisation des os et des carapaces qui m’intéresse le plus maintenant …. Je pense que le fait d’aimer créer des monstres, des créatures chimériques m’a forcément poussé à essayer de les rendre les plus «vivants» possible. Et bien que le dessin, la gravure, la peinture (peu importe le medium) soit mes activités phares, la sculpture symbolise pour moi la meilleure façon de créer des monstres en trois dimensions, plus réalistes, grotesques, mais avec une base animale. 

Enfant j’adorais réparer mes GI Joe abimés et mes tortues Ninja cassées avec de la pâte à modeler , du scotch et du bois (voire des morceaux d’autres jouets ou des os de poulet !). En fait rien n’a vraiment changé. Lorsque je me sers de parties animales, de prothèses oculaires, c’est en définitive afin d’avoir la meilleure matière première dans l’objectif de pouvoir réaliser mes « Monsieur patate » à moi !

 

 Tu utilises des bombes de peinture, des marqueurs, tu peins sur des murs. Quel est ton rapport à la "culture graffiti" ? Quelles sont très influences, tes maîtres ?

 Mon rapport à la culture graffiti est assez particulière. J’ai commencé à regarder des tags et des murs peints au début du collège. Je faisais beaucoup de skate et de BMX, mais les lettrages dans les rues ou sur les trains ne m’attiraient pas vraiment. L’egotrip du blaz je le comprenais, mais ça ne me correspondait pas trop . En revanche, dès que je voyais un perso, que ce soit dans des magazines ou dans les rues, ça me rendait fou ! Pouvoir faire en gros et aussi rapidement ce que je faisais depuis mes 7 ans en permanence sur le papier ou en terre, ça, ça m’a plu tout de suite. 

Ce qui me fascinait, c’était plus la bombe de peinture elle-même en tant qu’instrument  de peinture que la culture hip/hop et le graffiti pur et dur. Dans les années 90, soit tu étais hip/hop, soit tu étais dans le grunge ou le métal. Moi, je voyais surtout tout ce que ces différentes cultures pouvaient m’apporter pour me permettre d’enrichir ma vie et mes dessins . 

Donc, pour te parler de mes influences, je dirais que c’est un gros mélange de tout ce qui me touche. Du rap des années 90 au vieux son US des années 70. De Brassens à la pêche à la mouche et du film d’horreur des années 80 à un tableau de Francis Bacon. 

Par contre, si je devais te donner des noms d’artistes qui m’ont influencé au début dans le graffiti, je peux te donner quelques noms sans souci ! il y avait Pepper (Mant) qui faisait des persos bien énormes début 2000, il y avait Erosie et ses vélos gonflables, il y avait Seak , Alexöne (qui depuis est mon correspondant panaméen),  les pochoiristes comme Banksy, les Os Gemeos et Nina avec ses animaux à gros yeux et les persos de bord de rocade en grille pain de krisprols (je ne suis plus sur de l’orthographe). Ce sont des gens qui m’ont beaucoup marqué à ce moment là… 

Et pour mes maitres,  ce sont essentiellement des gens morts, (ce qui est plutôt triste en fin de compte) dont mon grand père, le buriniste Marc Dautry et quelques grands peintres classiques. 

Tu es un gars talentueux mais très discret. Tu as à ton actif des expositions prestigieuses comme "Lethal Injection" qui a eu lieu en 2012 à San Francisco.  Peux-tu nous en dire plus sur ton actualité ?

 Mardi 29 avril, je commence la réalisation d'une commande pour le Muséum d’histoire naturelle de Toulouse, au milieu de taxidermies ! Il va s'agir d'une énorme fresque d'environ 8 mètres sur 5 sur le thème des grands prédateurs. Les gens pourront assister à l'évolution de mon travail qui va s'étaler sur plusieurs jours (29 et 30 avril et 6, 7 et 8 mai). C'est une belle collaboration qui promet d'être intense d'autant plus qu'elle se fera en public.

Je suis aussi en contact avec une nouvelle galerie à Toulouse qui s'appelle le Cirque des Arts et avec laquelle je devrai collaborer très prochainement pour une exposition collective ou même solo... Exposer à Toulouse est quelque chose qui me tient à cœur malgré mes projets à l'étranger, c'est toujours agréable de pouvoir montrer ce que je fais aux gens qui m'entourent, d'échanger avec eux.

Pour ce qui est de l'international, je travaille en ce moment avec une marque de textile canadienne pour la réalisation d'un t-shirt en édition limité, cet été je participerai à une exposition à Brooklyn au Gristle Tattoo et je suis également en train d'élaborer un projet avec le site de vêtement brittanique RSI Apparel autour d'une illustration. Tout se précisera en temps voulu sur mon site et sur les réseaux sociaux aussi ! 

www.100taur.fr

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